L’effet levier provoqué par l’endettement des entreprises permet d’augmenter la rentabilité pour les actionnaires, mais augmente aussi les risques pris.
Les entreprises s’endettent pour maximiser la rentabilité de leurs investissements. Mais les charges financières constituent des coûts fixes qui peuvent être problématiques en cas de difficultés financières.
L’effet levier doit donc être utilisé prudemment. En quoi consiste-t-il exactement ? Quel est son intérêt pour les actionnaires, et quel niveau idéal doit rechercher un investisseur de long-terme ?
Qu’est-ce que la dette financière d’une entreprise ?
Pour investir dans un nouveau projet, une entreprise utilise deux sources de financement complémentaires : les capitaux propres et la dette financière.
Les capitaux propres correspondent au capital initial avec lequel a été créée l’entreprise, auquel on ajoute les bénéfices qui n’ont pas été redistribués aux actionnaires sous la forme de dividendes. Les capitaux propres varient également en fonction des augmentations de capital et des rachats d’actions.
La dette financière est constituée par l’argent prêté à l’entreprise par des créanciers : banques, porteurs d’obligations, etc. C’est une dette long-terme, au contraire des dettes d’exploitation qui sont des dettes de court-terme et qui couvrent des besoins ponctuels de liquidité.
Les dettes financières sont obtenues en contrepartie de l’application d’un taux d’intérêt, qui rémunère le risque pris par les créanciers.
Pourquoi les entreprises s’endettent-elles ?
Les entreprises s’endettent car elles espèrent que le bénéfice obtenu en investissant dans leurs projets sera supérieur aux intérêts qu’elles devront verser à leurs créanciers.
En termes comptable, on dit que le résultat d’exploitation de l’activité financée par la dette est espéré supérieur aux charges financières associées à cette dette. La différence entre le résultat d’exploitation et les charges financières est appelé le résultat courant.
Quel est l’intérêt pour l’actionnaire ?
Le bénéfice dégagé par l’investissement financé par la dette revient aux actionnaires : dividendes, rachats d’actions, augmentations des capitaux propres.
Ce bénéfice vient s’ajouter à celui obtenu en investissant les capitaux propres de l’entreprise : c’est ce qu’on appelle l’effet levier. Il s’agit d’un coefficient multiplicateur obtenu en divisant l’actif total de l’entreprise par la somme de ses capitaux propres :
Prenons l’exemple d’une société qui dispose d’un actif total de 20.000€ et qui obtient un résultat de 2.000€, soit une rentabilité économique (ROA) de 10%.
Si les actifs ont été financés à 100% par les capitaux propres de l’entreprise : cela signifie que les actionnaires ont investi 20.000€ et en ont récupéré 2.000€ : la rentabilité financière (ROE) obtenue est de 10%.
Si ces actifs sont financés à 50% par de la dette financière : cela signifie que les actionnaires n’ont investi que 50% de 20.000€, soit 10.000€ : et ils récupèrent toujours 2.000€. Cette fois-ci la rentabilité financière obtenue est donc de 2.000/10.000 = 20%.
L’effet levier est ici de 20.000€ (l’actif total de l’entreprise) / 10.000€ (les capitaux propres de l’entreprise) = 2. Cet effet levier multiplie le rendement obtenu par l’entreprise, c’est à dire la rentabilité économique de 10%, pour obtenir un rendement obtenu par l’actionnaire supérieur, ici de 10% * 2 = 20%.
Quel risque pour l’actionnaire ?
On a considéré jusqu’ici que le résultat courant de l’opération est positif, conformément à ce qu’espère l’entreprise.
Que se passe-t-il dans le cas contraire où le résultat dégagé ne suffit pas à payer les intérêts dus ? Ces intérêts vont alors devoir être payés soit en utilisant le bénéfice généré par les capitaux propres de la société, soit en utilisant les capitaux propres eux-mêmes.
Les risques sont donc :
- Une forte chute de la rentabilité pour l’actionnaire ;
- Un risque opérationnel pour l’entreprise qui est obligée de faire face à des paiements fixes qui peuvent être importants.
Un effet levier de 2 est un maximum à ne pas dépasser pour un investissement prudent et de long-terme.
En effet des effets leviers supérieurs impliquent un montant total de dettes à rembourser supérieur à l’ensemble des capitaux propres dont dispose l’entreprise. De tels montages financiers sont très risqués et doivent être surveillés de très près et régulièrement, ce qui est incompatible avec un investissement à long-terme.