Comment détecter rapidement les opportunités d’achat du moment ?
Chercher une nouvelle action à rajouter à son portefeuille peut être très enthousiasmant… et très chronophage. Une bonne méthodologie de recherche est plus qu’utile pour pouvoir sélectionner rapidement quelles sont les belles opportunités du moment ; avant de commencer à s’y intéresser d’un peu plus près. Voici les critères que j’utilise pour faire un tri rapide et identifier les sociétés que j’aimerais posséder dans mon portefeuille.
1) Fiche d’identité
Tout d’abord, il y a la taille. A moins d’être un véritable expert, passez votre chemin des entreprises trop petites : vous y perdriez votre chemise. Oubliez les mid-cap, small-cap, micro-cap et autres nano-cap… Concentrez-vous plutôt sur des capitalisations boursières conséquentes, d’au minimum 5 milliards d’euros.
Ensuite, il y a le secteur d’activité bien sûr. Êtes-vous à l’aise avec son secteur ? Le comprenez-vous ? Est-il compatible avec votre allocation sectorielle ?
Enfin, l’actionnariat. Je me méfie particulièrement des entreprises où l’état est trop présent au capital : cela donne des dossiers complexes aux multiples enjeux, où l’économie et la politique se mêlent. Passez votre chemin.
2) Chercher une excellente profitabilité
Un bon investissement est avant tout un investissement rentable. J’ai pour habitude de chercher des entreprises avec un ROE > 15 % depuis au moins 10 ans.
Mais ce n’est pas tout. Je vérifie également, toujours sur cette période de 10 ans, que l’entreprise est en croissance, et que cette croissance est en moyenne supérieure à 3% par an : c’est-à-dire le taux moyen historique de l’inflation.
Enfin je vérifie que le FCF (Free Cash Flow) est positif. Le FCF est une notion simple : c’est la différence entre l’argent perçu et l’argent dépensé, sur l’exercice ; auquel on retire les impôts. C’est donc une notion différente du résultat ; dans lequel vont jouer toutes les notions comptables d’amortissements, de dépréciations ; dans lequel sont intégrées les ventes dont le règlement n’a pas encore été perçu… Loin de tout ça, le FCF permet de vérifier que le business de l’entreprise fait rentrer de l’argent frais dans les caisses. Tout simplement.
3) Vérifier la solidité financière
Pour repérer rapidement des situations problématiques, je vérifie que les 3 points suivants sont respectés.
L’entreprise doit disposer d’une bonne liquidité qui lui permet de faire face à ses obligations à court terme. Pour cela je vérifie que le quick ratio, c’est-à-dire l’actif circulant divisé par les dettes de court terme (< 1 an), est supérieur ou égal à 2.
L’entreprise ne doit pas être trop endettée, ce qui lui permettra de mieux encaisser d’éventuels passages à vide : pour cela je vérifie que la dette long terme de l’entreprise n’excède pas 50% de ses actifs, c’est-à-dire que l’effet levier est inférieur à 2.
En parlant de ses actifs : même si ce n’est pas un critère quantitatif, je me méfie toujours des entreprises qui ont trop de goodwill (ou écart d’acquisition) à l’actif. Lors d’opérations de fusion-acquisition, le goodwill rend compte des écarts existants entre le prix d’achat d’une société tierce et la valeur réelle de ses actifs. Le problème est que ces écarts sont très difficiles à évaluer pour un investisseur, et sont trop souvent surestimés par les entreprises afin de masquer une mauvaise opération. C’est bien sûr loin d’être systématique, et heureusement : mais à défaut de savoir en juger par soi-même, mieux vaut se méfier. En la matière donc, moins il y en a, mieux c’est.
4) Focus sur le dividende
Nous venons d’identifier des entreprises de qualité. Mais ce n’est pas suffisant : dans la stratégie d’investissement d’Objectif Rente, nous recherchons pour notre portefeuille action des dividendes fiables, croissants… et élevés. Des dividendes de très grande qualité. Voyons comment les identifier.
L’entreprise doit avoir versé un dividende continu sur ces 10 dernières années. 25 est encore mieux. L’idéal étant qu’elle affiche clairement sa politique de dividende, sur son site internet dans la section investisseur par exemple, et dans son rapport annuel. Sur ce point, aucune exception : si l’entreprise présente le moindre risque de cesser son versement une année, passez sans hésiter votre chemin, quelle que soit la qualité des autres indicateurs.
Deuxième indicateur : le montant du dividende ne doit jamais avoir baissé, et idéalement doit avoir progressé systématiquement année après année depuis au moins 10 ans. Cette règle est tout aussi incontournable que la première pour qui cherche des revenus fiables sur le long-terme : idéalement le montant du dividende doit pouvoir croître plus que l’inflation chaque année, enrichissant ainsi son détenteur.
Enfin il faut faire attention au taux de distribution, c’est-à-dire au pourcentage des dividendes versés par rapport au résultat net. Ce taux de distribution (ou payout ratio) ne pas excéder 60%, pour laisser à l’entreprise du cash à réinvestir dans son business, et ainsi financer sa croissance, et pour lui permettre de jouer sur ce taux de distribution les années difficiles pour continuer malgré tout à verser un dividende croissant.
5) A quel prix ?
Une fois que vous avez identifié les entreprises qui répondent à tous ces critères, il reste une question majeure : à quel prix les acheter ? Sont-elles surcotées ? Sont-elles de bonnes opportunités d’investissement ?
Je pourrais vous parler de PER, de price-to-book ou de plus bas à un an… Mais je préfère rester focalisé sur un seul élément, le seul vraiment parlant : le dividende. Quel est son rendement actuel ? Le rendement est le montant du dividende divisé par le prix actuel de l’action. Si le prix est bas, le rendement sera haut ; si le prix est haut, le rendement sera faible. Cherchez donc dans votre liste les sociétés qui ont le rendement le plus élevé, et vous aurez détecté les meilleures opportunités d’investissements du moment ! Attention : ne comparez les rendements que secteur par secteur, sinon cela n’aurait que peu de sens et vous tomberiez toujours sur les mêmes secteurs d’activité, ce qui ne permettrait pas de bien diversifier votre portefeuille.
Conclusion
Il y a bien sûr des exceptions et des nuances. Par exemple : les FCF ne sont d’aucune utilité pour les foncières, car elles distribuent la quasi-totalité de leurs revenus en dividendes. Autre exemple : le taux d’endettement d’un opérateur téléphonique est beaucoup plus élevé que celui d’un fabricant de biens de consommation courante, car l’opérateur doit investir lourdement dans ses infrastructures pour proposer un service de qualité à ses abonnés.
Il ne s’agit donc là que de purs critères quantitatifs qui ne sauraient remplacer une analyse qualitative de la société avant d’investir. Mais ces critères ont le mérite de pouvoir être utilisés rapidement dans des screeners (voir ressources pratiques) pour dresser une première short-list de valeurs intéressantes. A utiliser sans modération !
Bonjour ,
Je rajoute un screener gratuit et intéréssant ( filtrage des dividendes croissants )
stock rover
cordialement
Bonjour Guyem,
Merci pour ce partage, je viens de m’inscrire et les possibilités de ce screener sont en effet très intéressantes !
Je le rajoute dans l’article Ressources pratiques.
Article très intéressant, comme l’ensemble du blog. À quand la suite ?
Une question, y a-t-il des sociétés qui respectent un quick ratio => à 2 ?
Merci Jean-Luc !
J’essaie de poster un nouvel article chaque semaine, n’hésitez donc pas à repasser sur le site 🙂
Un quick ratio >= 2 est une exigence très forte, et environ 80% des entreprises ne passent pas le test.
Il est essentiel de s’assurer que l’entreprise dispose d’une bonne liquidité à court terme ; toutefois cette exigence peut être adaptée selon les secteurs. En effet si les clients de l’entreprise paient leurs achats immédiatement, comme dans un supermarché par exemple, un quick ratio >= 1,5 peut être suffisant ; alors que lorsque les clients ont des délais de paiement longs, comme dans l’industrie par exemple, le quick ratio >= 2 doit absolument être respecté.
Merci pour le site , je le découvre à l’instant, vraiment très bien !